MYSTERIO ● don't ever apologize for being the smartest one in the room

Quentin Beck est né par une chaude nuit d’été, en Californie, un État qui attirait chaque année un peu plus de jeunes talents en quête de gloire et de célébrité. Malgré les nombreux castings, sa mère ne parvint jamais à devenir actrice. Lassé des rejets, son père devint pour sa part un cascadeur, spécialisé dans les productions les plus violentes et les moins assurées – pour lesquelles les cachets étaient bien meilleurs. Quentin grandit ainsi aux pieds d’Hollywood, amoureux du grand écran dès ses premières années. Son père aurait aimé qu’il soit cascadeur à Hollywood, comme lui. Quentin a appris quelques techniques à ses côtés, et c’est aussi grâce à son père qu’il a appris à se battre pour reproduire ses scènes de combat à l’écran. Des scènes de combat qui prirent un tournant plus réelles avec les années quand, excédé par son corps brisé par le travail, son père se saoulait et levait la main sur sa femme et son fils.

Pour oublier son quotidien morose, Quentin se renferma dans son amour des films et se passionna peu à peu pour l’aspect technique des productions à gros budget. Adolescent, il réalisa plusieurs films amateurs, jusqu’à ce que son père ne brise sa caméra. Il s’essaya alors à la création d’effets spéciaux sur son vieil ordinateur et y trouva rapidement sa passion. Plus il s’immergeait dans ces programmes informatiques et plus il stimulait son esprit créatif et brillant, lui permettant bientôt de décrocher une place au M.I.T. Le fait que l’établissement se trouve de l’autre côté du pays et lui permette de fuir sa vie familiale était un bonus des plus appréciables. Sur le campus, Quentin n’avait pas très bonne réputation. D’un naturel obsessif et perfectionniste, et doté d’un tempérament colérique, il fut renvoyé par plusieurs de ses professeurs pour insubordination. Malgré les déboires causés par son comportement, il n’en restait pas moins l’un des meilleurs élèves de l’établissement et eut son diplôme avec mention.

L’année de sa remise de diplôme, Quentin reçut un coup de fil de sa mère : son père s’était tué dans un accident de moto sur un tournage. Pire, elle avait découvert des dettes contractées par l’ivrogne depuis des années. Les Beck étaient ruinés. Spécialisé dans la conception de programmes digitaux hautement avancés que Quentin destinait à la création d’effets spéciaux à Hollywood, le jeune actif dû abandonner ses rêves artistiques pour trouver un travail plus stable et bien mieux payé qui lui permettrait d’éponger les dettes familiales. C’est ainsi qu’il devint ingénieur pour Stark Industries. Au sein de la multinationale technologique, Quentin manqua de se faire renvoyer un demi-dizaine de fois pour comportement abusif et autodestructeur ; mais était toujours sauvé in-extremis par sa dernière invention, complexe et brillante. Le jeune homme avait peu à peu mis à jour la technologie holographique la plus avancée au monde… que Tony Stark en personne s’empressa de breveter pour s’en attribuer tout le crédit. Pire : alors que cette technologie aurait pu révolutionner la consommation de médias dans le monde entier, Tony l’utilisa simplement pour mettre au point le programme BARF. La chose la plus belle et la plus complexe que Beck ait jamais créé, l’aboutissement de toute sa vie, n’avait servi qu’à rendre possible une mauvaise blague de Tony Stark.

Dépassé par sa colère, l’ingénieur démissionna sur le champ et dû être évacué par la sécurité après qu’il ait frappé plusieurs employés pour faire irruption dans le bureau de Tony en personne. En digne fils de son père, il partit noyer toute sa rancœur dans l’alcool et, comme lui, décida de rentrer en moto avec l’espoir sombre qu’il connaitrait le même destin. C’est alors qu’une météorite tombée du ciel manqua de lui fracasser le crâne. Quentin s’arrêta sur le bas-côté de la route pour en inspecter la surface d’émeraude et la toucha, transformant irrémédiablement son ADN. Au cours des semaines qui suivirent, il découvrit l’étendue de ses nouvelles capacités. Son expertise dans les hologrammes, alliée à ses nouveaux dons sur la manipulation de fumée et de lumière, lui permirent rapidement de tisser des illusions comme le monde n’en avait jamais vu. Un sourire diabolique s’étira sur ses lèvres quand il réalisa qu’il n’était plus un humain comme les autres, et que les règles de la société ne s’appliquaient de ce fait plus à lui. Un grand pouvoir… de grandes opportunités. Tony Stark allait payer.

L’assassinat de Tony fut d’une simplicité déconcertante, tout bien considéré. Déguisé pour la première fois sous les traits de l’énigmatique Mysterio pour cacher son identité, Quentin n’avait eu qu’à enfermer le tout-puissant Iron Man dans une illusion mettant en scène la mort de sa mère. Elle se jeta par la fenêtre du penthouse du héros qui, persuadé de porter son armure, se jeta à sa suite pour la rattraper. L’imbécile ne réalisa jamais la supercherie et s’écrasa au sol sous les applaudissements hystériques de Quentin. Cette nouvelle réalité en tant que Mysterio, grisante et extraordinaire, dépassait de loin tous ses films préférés. Il n’était pas prêt à raccrocher le costume. Il commença par braquer plusieurs banques, pour éponger les dettes de la famille Beck. Puis il retrouva les professeurs du M.I.T. qui avaient manqué de le faire renvoyer et leur fit regretter d’être nés. A chacun de ses méfaits, Mysterio prenait un peu plus goût à cette nouvelle vie de criminel. Il en voulait plus, toujours plus. Mais les Avengers étaient bien décidés à l’arrêter, et Quentin savait qu’il ne pouvait faire le poids tout seul face à eux. Il fonda ainsi les Sinister Six, un groupe de criminels sous ses ordres qui en vinrent bientôt à semer le chaos à New York.

C’est lors d’un attentat sur Times Square que Mysterio fit la rencontre de Donna Diego, alors habitée par le symbiote de Scream. Immédiatement intrigué par cette vie alien, Mysterio s’allia avec elle pour mieux pouvoir l’étudier. Lui qui n’avait jamais connu l’amour ne s’attendait pas à développer des sentiments pour elle, mais la violence pure qui se dégageait de la jeune femme lors de ses épisodes psychotiques était la plus belle chose qu’il ait jamais vu. Il la demanda en mariage l’année suivante et, deux ans plus tard, elle tomba enceinte. La vie était radieuse… jusqu’à ce que Peter Parker, aka Spiderman, ne parvienne à le démasquer. Ce crétin d’homme-araignée parvint un jour à découvrir que Quentin Beck était le lien manquant entre le meurtre d’Iron Man, les braquages de banque, et les professeurs torturés du M.I.T. Son identité fut révélée au public et il fut traqué par toutes les forces armées de la planète. Déjà fragilisée par son état psychologique instable, Donna fit une fausse couche causée le stress de la cavale. Elle le quitta peu de temps après, le tenant pour responsable et incapable de lui pardonner.

Beck avait connu la gloire dont il avait rêvé, enfant. Sa vie était comme l’un de ces films qu’il adorait, bourré d’effets spéciaux. Il avait amassé une fortune, avait eu la plus belle fille, et s’apprêtait à fonder une famille. Puis le film s’était brutalement terminé et il avait tout perdu. À cause de Peter Parker. Fou de rage, il passa les semaines suivantes à fomenter son plan de vengeance, et l’exécuta à la perfection. Spiderman était à ses pieds, brisé et psychologiquement détruit, au sommet du Baxter Building. Mysterio s’apprêtait à abréger ses souffrances pour de bon quand soudain… un portail s’ouvrit à côté de lui et il se sentit aspiré sans qu’il ne parvienne à lutter.

Quentin ne garda que peu de souvenirs de ses premiers jours sur la Terre 1018, chaotiques et autodestructeurs au possible. Tout était si semblable à son monde originel et pourtant… si différent. Ici, il n’avait pas été la plus grande déception de son père. Il n’avait pas perdu la femme qu’il aimait. Il n’avait pas vu leur futur enfant disparaitre. Ici, personne n’avait jamais découvert que Quentin Beck et Mysterio n’était qu’une seule et même personne. Rien de tout cela n'existait ici, et rien ne l'avait suivi. Tout pouvait être reconstruit et amélioré. Peut-être que ce nouveau monde n’était pas si mal, finalement. Une nouvelle chance. Un nouveau départ. Une nouvelle opportunité… de se surpasser.