leave my body, lose my mind / anna marie

Ton souffle est court. Ta vision brouillée. Les lames de ton opposante t’ont tranché les poumons, le coeur et la cage thoracique. Tu n’es qu’un pantin entre les mains de l’étreinte de la mort et de la douleur planant au-dessus de ta tête. Est-ce le prix à payer pour le chemin que tu as choisi et le destin que tu as embrassé pleinement depuis ces dernières années? Tes victimes et tes opposants te répondraient par l’affirmative. Ton arrogance et ta suffisance mettront plutôt cela comme une erreur fâcheuse mais pas fatale. Preuve en est? Tu tiens toujours sur tes jambes. Certes, tu es chancelante. La blessure de ton torse s’est refermée mais tu as déjà perdu beaucoup de sang entre temps. De plus, tu n’as plus de repères. Tu n’as plus de localisation pleine et entière des éléments composant ton monde et ton univers chaotique où seule toi demeurait souveraine. Tu es dans une configuration révolue dans ton esprit. Une structure ancienne, encore intacte de toute guerre, dont la face demeure aussi semblable que différente. La grande mégalomane au sommet de l’échelle du pouvoir se retrouve désormais à errer telle une ombre sur le point de vaciller et de s’écrouler à tout moment au coeur d’un monde n’étant pas le sien. Est-ce que tu laisseras une telle situation écrire le chapitre final et ultime de ton histoire et de ton parcours? Certainement pas ! Il en est hors de question ! Tu es au-delà de la mort. Tu es au-delà de cette fatalité. Tu te nourriras de l’énergie vitale de tous ces faibles humains que tu croiseras, quitte à en éradiquer la population toute entière. Mais jamais tu ne baisseras les bras, ni te laisseras mourir ! Alors pourquoi ne le fais-tu pas déjà? Pourquoi ne cherches-tu pas à te regénérer aussi simplement que tu pourrais y arriver d’un simple toucher?

L’Institut. Ainsi est-il présent dans cette nouvelle réalité? Voilà de quoi éveiller suffisamment ton intérêt afin de tenter une approche sous la meilleure allure possible : celle de la victime. Il ne pouvait y avoir que deux possibilités. L’Institut était semblable à celui que tu avais connu dans ton monde avant de le réduire en cendres. L’Institut était le reflet des idéaux de ce professeur Xavier, cherchant à oeuvrer pour l’aide, la survie et le bien-être de tous les propriétaires du génome x. Seconde possibilité, cette réalité entrait dans une autre structure de vérité où l’Institut était l’antagoniste du visage que tu lui connaissais. A ce moment-là, il te faudrait libérer tous tes pouvoirs afin de reprendre des forces et voler les pouvoirs de ceux croisant ta route. Néanmoins, lorsque tu t’approches, ta satisfaction se convainc davantage de la première éventualité. Ce n’est pas ton monde. Ce n’est pas ta Terre. Les pensionnaires de cet Institut ne pourraient te connaître. De quoi t’offrir un lieu de repos, un lieu de vie et un pied à terre parfait le temps d’assimiler les éléments de cette réalité nouvelle, tout en attendant d’oeuvrer dans l’ombre une fois que tu aurais récupérer des forces et déterminerait ta nouvelle stratégie pour la nouvelle partie d’échec s’annonçant. Humains et Mutants? Une nouvelle guerre de pouvoir? Il n’y avait aucun doute. La seule inconnue était quand est-ce que les hostilités débuteraient… À moins que cette détestable humanité soit déjà en train de vouloir chasser la race supérieure?

Ta vision se brouille. Tes yeux caressent les portiques de la propriété. Tu as envie de lever et tendre une main souriante. Mais ton corps ne fait que s’écrouler lamentablement sur le sol, pratiquement sans vie. Tu n’as plus conscience de quoique ce soit. Tu ne ressens pas le mouvement qu’on inflige à ton corps en le soulevant pour le transporter. Tu n’entends pas les voix qui résonnent et murmurent autour de toi. Ton absence est on ne peut plus totale… Jusqu’au son de cette voix et au contact de cette main. Il est tellement question d’un réflexe que cette main qui te serre est serrée brusquement à ton tour. Tes yeux s’ouvrent comme si on venait de t’envoyer dix milles volt afin de relancer ton myocarde. Une grande inspiration se fait sentir tandis que, ironiquement, c’est sans contrôler que tu serres la peau de ta vis-à-vis en laissant ta faculté s’exprimer. Tu sens le souffle de la vie. Tu sens le souffle vibrant, sulfureux, enflammé et violent d’un sang qui n’a de cesse de bouillir. Les images qui frappent ton cerveau et ton esprit sont celles du visage de ta meurtrière… sans que ce ne soit celle qui t’ai porté ce coup fatal. Wolverine? Lis-tu dans ce fragment de mémoires et de souvenirs où tu la vois côtoyer une version x-menisée de ta propre personne. C’est comme une drogue. Tu as envie de maintenir le contact et d’en recevoir davantage. Ca éveille l’appétit de ton énergie vitale, de tes blessures et de ta force qui se renflouent à vitesse grand V, tes doigts serrant de plus en plus fortement la main tendue. “Sorry !” T’exprimes-tu finalement dans un grand souffle où tu relâches entièrement sa main, rompant même jusqu’à tout contact. Ton buste s’est redressé sur l’instant et dans l’inertie de la situation. C’est donc assise que tu lui fais face. “Lau… Laura…?” Rétorques-tu en reprenant un semblant de respiration plus calme et contrôlée. “Just… I’m really sorry about that… Are you… Are you okay?” Tu aurais parfaitement pu serrer sa main jusqu’à une mort inévitable, à t’en abreuver comme une vampire assoiffée de sang. Mais débuter cette nouvelle partie d’une telle manière te serait beaucoup trop préjudiciable. User de la charité et la générosité de l’ennemi, voilà ce qui sera ta priorité pour le moment. “But… This isn’t my Institute… and… are you my Laura? Where am I?”

C’est tant par nécessité de reprendre des forces que pour t’imprégner des souvenirs du visage de ta meurtrière afin de déterminer si c’est bel et bien ta cible qui est face à toi. Ta cible, où l’un de ses… Comment dit-on déjà? Variant, c’est ça? Doppleganger. Sosie. Version alternative. En soi, on pourrait trouver tellement de qualificatifs que cela n’a que peu d’importance. Ton art de la tromperie a besoin de connaître les planches de la scène sur laquelle il s’adonnera pour un énième numéro de pure composition. Tu as été élevée et éduquée par la reine en la matière : Mystique. Ta mère. L’être le plus important de ton existence et de ton coeur qui, malgré toute sa noirceur, existait bel et bien pour de très rares et défunts élus. Celle qui t’as adopté savait jongler d’une main de maître entre les personnalités inventées pour duper au possible le plus grand nombre. L’égalais-tu en la matière? Tu en rêverais mais tu n’oseras jamais prétendre à un tel honneur et une telle maîtrise. Cependant, une partie de toi ne doute aucunement qu’elle ne voulait qu’une chose : que tu deviennes plus redoutable et plus talentueuse qu’elle encore. Le principe du maître désirant voir son disciple le surpasser au cours de la symbolique transmission du savoir. Cette absorption est grisante car elle t’apporte les principaux éléments dont tu as besoin. La confirmation que tu n'es pas la seule à venir d’un autre monde. L’exposition du type de relation pouvant être entretenue avec X-23, enfin pardon… Wolverine ! Tout comme la position de cette dernière au sein de ce conflit éternel entre les Mutants et les autres. Ce gain de temps à retrouver tes forces tout en sélectionnant le prisme dont tu ferais preuve. Tu ne serais pas l’ennemie. Et tu ne seras pas porteuse de la vérité de ton univers. L’usage de parole de courtoisie et de circonstance te laisse librement le temps de composer mentalement ta petite histoire précédent ton arrivée en ces lieux. Cela risque d’être amusant et divertissant !

Un fin sourire désolé et gêné quitte tes lèvres. Bien sûr que Laura, autant qu’un Logan, pouvait supporter beaucoup plus qu’un simple contact appuyé de ta personne. C’est ce qui donnait d’ailleurs cette sensation d’addiction. Le fait de pouvoir s’abreuver à une source plus que conséquente ! Tu ne réagis pas, trop occupée à te perdre dans cette confusion nécessitant réponse et explication. Heureusement peux-tu compter sur cette forme d’inconnue qui t’éclaire davantage sur ce qu’il en est. “Another earth…? Impossible… It can be…” Tu balbuties en ne renforçant pas tant que ça la surprise dans un sens. La notion de Multivers était déjà arrivée à tes oreilles. Tu avais même pu assister à l’apparition d’un enfant de l’hôte du Phoenix surgir d’une autre époque, d’une autre réalité. Mais il y avait une différence entre le fait d’être témoin d’une apparition et d’être l’apparition. Surprise intérieurement agréable, mais extérieurement désarmante bien évidemment. Pendant qu’elle t’apporte plus de précisions sur le nom de cette Terre, de cet univers, tu ne peux que demeurer assise tout en venant poser une main sur ton front, y demeurant quelques secondes pour ensuite s’évanouir dans ta chevelure, assimilant les informations une à une. “Earth-161?” Tu souris de manière contrie. “I don’t… I don’t know… or I can’t remember the number of my world… Well, we call just earth, so…” Et pour la peine, tu ne mentais aucunement quant à l’ignorance de l’identité de ta Terre et de ton univers. Néanmoins, autant considérer cela comme un atout. Sans dénomination d’univers, impossible de te retrouver ou de te reconnaître… à moins de te confondre avec une autre Malicia?

Qu’est-ce qui t’es arrivé? Voilà la fameuse question la plus importante et la plus déterminante. C’est de là que tu pourras tisser une future relation de n’importe quel ordre avec cette variation de ta meurtrière ! Tu baisses le regard sur ton corps. Des traces de lacérations sur ton jean. Si ta peau a pu guérir des lames t’ayant transpercées, ton haut porte encore le stigmate de cette attaque aux griffes acérées. Extrémité de tes habits apparaissant comme des bouts de lambeau brûlés ou calcinés. Poussières qui envahit toute la surface de ton être. Et tu n’oses même pas imaginer l’état de ton visage en réalité. “Alright…” Siffles-tu tout en trouvant le coupable idéal pour accompagner ta petite histoire. Autant se ranger du côté des gentils X-Men contre les ennemis de la Confrérie ! “Before I came here, we were at war. I mean, the earth was in chaos between Magneto's gang and the anti-mutants. And my last fight was against Sabretooth.” Un rictus quitte tes lèvres avec un certain souffle d’ironie. “With the portal’s apparition, I’ve had a chance to escape and survive.” Ton visage se baisse à ses mots tout en attrapant lentement un air beaucoup plus grave et abattu par cette pseudo réalité. “And you and me… well… There weren’t many of us anymore… I don’t know if… If I’ve lost you or not before my arrival on that earth…” Les yeux se plissent. Les yeux se plissent en s’aidant de ton souvenir d’avoir perdu ta passion, ton Phoenix, afin de renforcer la contenance de ton histoire, de tes propos et, par extension, cette crédibilité fragile. “...and I don’t know how I can go back there.” Relèves-tu finalement tes yeux à la lueur plutôt fragile vers son propre visage.