johnny / what remains

( 1 ) Des parents qui s'offraient des apparences de perfection, d'harmonie et de bonheur infini ; Dr. Mary Storm, chirurgienne, et Franklin Storm, politicien. Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, Johnny ne pense pas les avoir un jour vu être véritablement heureux ou amoureux l'un de l'autre. Il n'y avait qu'en société, dans ces dîners interminables auxquels ils prenaient part, avec leurs amis, qu'ils s'échangeaient autre chose que des railleries et des insultes. Il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas avec pour l'un ou l'autre. Toujours des reproches, toujours des mots pleins de bile et de mal, mais il fallait maintenir les apparences, le futur président du pays refusait d'avoir un mariage raté.
( 2 ) Un énième de ces dîners interminables, galas de charité de la haute société qui se réunit pour se donner bonne conscience et faire semblant de s'inquiéter pour les plus démunis. Concours de qui donnera le plus d'argent dans la soirée tout en remplissant son carnet d'adresse, et qui fera mieux grandir sa sphère d'influence. Comme d'habitude, les parents ne peuvent pas se mettre d'accord, les reproches fusent à travers toute la maison, monsieur mécontent que madame soit encore au téléphone avec l'hôpital, madame lui répète qu'elle est docteur et que s'il voulait d'une femme trophée il aurait du se contenter d'une autre qu'elle. Puis le ton monte, la colère s'élève encore plus. Même si ces dîners sont l'un des rares moments où Johnny et Susan peuvent prétendre d'une vie parfaite, s'acclimater à des parents qui se sourient et s'embrassent devant les flash des appareils, il y a cette boule au ventre qui ne les quitte pas. Parce que tout recommencera de la même façon une fois le gala terminé. Un énième de ces dîners interminables qui allait au moins leur donner l'illusion d'une famille parfaite, subitement interrompu en chemin vers celui-ci par le bruit des pneus qui crissent et grincent contre l'asphalte. Le bruit du verre qui éclate, de la tôle qui se froisse brusquement. Franklin n'y survivra pas.
( 3 ) Leur mère, libérée des obligations imposés par son mariage se consacre encore plus à son métier et voit de moins en moins ses enfants auxquels elle ne consacrait déjà que très peu de son temps. Les voyant comme des reflets de leur père plutôt que comme les siens. La négligence de leur mère fini par atteindre les oreilles des services sociaux qui lui retirent la garde de ses enfants, et les deux Storm sont placés chez le frère de leur père, dans un milieu bien plus modeste que celui dans lequel ils avaient grandit, mais tout autant plus modeste qu'il était débordant d'amour et d'attention pour eux. Leur offrant finalement cette parfaite vie de famille qui n'était qu'un mensonge au départ.
(4) 15 ans. Premier acte d'héroïsme. L'adolescence et ses idioties, le désir d'être à contre-courant, de se libérer, de ne plus obéir à des gens qui ne les comprennent pas. Johnny est l'un de ces adolescents téméraires et turbulents, l'opposé de sa sœur comme presque à chaque fois, malgré des compétences et un potentiel similaire, il ne veut pas se noyer dans ses études, il ne veut pas s'y consacrer ; parce qu'il s'y ennuie. Alors, lui et son cercle font tout et n'importe quoi. Ils s'amusent. Ils font les cons, et les accidents arrivent vite. Une cigarette mal éteinte, de l'alcool, de l'essence. Une déflagration. Des flammes à perte de vue. La terreur qui prend le cœur et qui paralyse. Savoir que l'on est au bord de la mort, qu'on est seul, sans personne pour venir nous sauver. Prier tout ce que l'on peut prier, espérer. Et par miracle, être sauvé des flammes. Porté par son meilleur ami, Johnny Storm, un héros. Mais ce que Johnny, lui, ne dira jamais ; c'est qu'il a vu quelqu'un dans ces flammes. Quelque chose. Une silhouette immense, dangereuse.
Une silhouette qui l'appelait. Zarathos.
( 5 ) Johnny se reprend en mains après cet évènement, lui et ses camarades évitent de peu la détention juvénile, et après un très long discours de son oncle promet de ne plus jamais commettre ce genre de bêtise, et il s'y tient. Même si les études l'ennuient et ne le satisfont pas, il s'attache un peu plus à son succès académique qu'à son succès de popularité avec ses camarades ; ses compétences évidentes et son talent témoignent de son intelligence, et quand vient le temps, les universités prestigieuses le désirent. Et avec une bourse d'études conséquente, Central City le conquit. Il y fait la rencontre de Reed Richards, un professeur bien plus intelligent que lui et que tous les autres. Et ils se lient rapidement d'amitié.
( 6 ) Des années qui se couronnent de succès et qui les font se faire remarquer par la NASA poussent Reed et Johnny à continuer dans leur démarche commune, celle de facilité le voyage dans les étoiles. Ils imaginent un moteur capable de permettre de dépasser la vitesse de la lumière, Johnny le conçoit sur le plan mécanique tandis que Reed est responsable de l'aspect scientifique. Mais le gouvernement ne l'entend pas de cette façon, confisque leur prototype et se l'approprie. Furieux, les deux scientifiques cherchent à tout prix à récupérer leur invention, Reed fait appel à l'un de ses plus proches amis, Ben Grimm, et parvient à le convaincre de leur situation. Il révèle l'emplacement de leur prototype, installé dans une navette depuis, dont le vol test est prévu pour les prochains jours et les quatre camarades - rejoint par Susan entre-temps - parviennent à retrouver ladite navette.
( 7 ) Malgré ça, Susan insiste. Mais ses mises en garde du danger ne font que galvaniser les trois autres hommes, car quitte à enfreindre la loi autant aller jusqu'au bout et utiliser leur prototype. En pleine nuit, ils décident de tenter l'expérience, la quasi-certitude du succès comme motivation et le savoir qu'ils n'en auront plus jamais l'occasion. C'est maintenant ou jamais. Dépitée, déçue, mais tout autant curieuse, Susan les rejoint à bord de la navette.
C'est Ben qui pilote. And the rest is history.
( 8 ) Jusqu'à aujourd'hui, les évènements qui menèrent à l'obtention de leurs pouvoirs et leur altération génétique demeurent confus et incompréhensibles. Le nuage de radiations auquel ils se sont heurtés n'avait pas le moindre sens logique ou scientifique, il semblait animé de sa propre volonté, suivait et tournoyait autour de la navette avant de parvenir à traverser et détruire le blindage pour les contaminer. Comme si une Entité invisible le manipulait et le contrôlait. Ce qui n'a jamais quitté l'esprit de Johnny, à propos de cette nuit-là, ce sont les visions d'horreurs et la panique dont ils furent tous les victimes avant que Ben perde le contrôle de la navette et qu'ils s'écrasent en catastrophe. Ils sont rapidement appréhendés après leur crash et sont tous les quatre transférés dans une base secrète pour que les effets des radiations dont ils ont été victimes soient étudiés.
( 9 ) Après une batterie de tests innombrables, il semble apparaître qu'ils s'en sont tous sortis indemnes, sans aucune sorte de séquelle liées à leur exposition. Rester à régler les nombreux crimes commis par leur escapade spatiale ; étrangement, alors qu'ils auraient sans aucun doute dû être jugés et condamnés à de nombreuses années de prison, une décision du Secrétaire de la Défense, Nicholas Fury, fait laver toutes les traces de leurs méfaits et leur permet de s'en sortir sans procès ni condamnation. Pour seules sanctions, Reed et Johnny se voient formellement interdits de reproduire leur prototype tandis que Ben est renvoyé de l'armée.
( 10 ) Un long mois après une absence complète de syndromes ou de conséquences à leur exposition aux radiations, ils finissent enfin par en subir les conséquences, Ben est le premier touché. Ils le croient condamné, ses organes défaillent, s'alourdissent. Puis ce sont ses chairs, ses os, il se tord de douleur pendant des jours durant jusqu'à s'écrouler complètement. Inerte. La découverte est un tel choc qu'ils n'y voient aucun rapport avec les radiations au départ, ils ne savent pas quoi faire, qui contacter, comment réagir. Les trois derniers sont complètement désemparés. C'est seulement plusieurs après la terrible première découverte qu'ils découvrent enfin qu'il a commencé à muter, au même moment où Sue et Johnny présentent leurs propres symptômes, Reed à son tour très rapidement, aussi.
( 11 ) La promesse de guérir Ben de son affliction. De tous les ramener à la normale. Reed n'y voit aucune bénédiction, ces capacités qui sont dorénavant les leurs ne doivent pas le rester, il faut trouver un moyen de les en guérir. Johnny n'est pas d'accord. Premier des quatre à y voir autre chose qu'une malédiction, il voit dans les dons qu'ils possèdent une opportunité de mieux faire, de changer le monde. C'est sans l'accord des autres, et sans qu'ils le sachent, qu'il commence à utiliser de ses nouveaux dons afin d'aider les autres.
( 12 ) Éventuellement, les autres finissent par céder, ils rejoignent Johnny dans ces actes d'héroïsme qu'ils gardent bien de s'attribuer publiquement, encore incertains des réactions que tout ceci pourrait engendrer, et bien méfiant des dangers qui pourraient en découler si le gouvernement découvrait finalement qu'ils avaient bel et bien été altérés par leur mission spatiale. Les Quatre Fantastiques, un nom qu'ils n'ont pas choisi mais qui leur a été imposé par le public et ses réactions, deviennent les premiers superhéros à être connus et reconnus depuis bien longtemps. Puis vient le temps de révéler son identité, d'avouer qui ils sont, de se montrer au grand jour et d'en récolter les conséquences autant que les louanges.